L. Bigòrra —————————————- Totot El Toto —————– Écriture et Traitrise
LUXUTION

Je suis encore habillé,

je marche dans les sentiers d’une forêt.

Il fait nuit comme noire-sombre et les branches des arbres taisent les bruits,

tous les bruits,

même mes pas.

Ça bruisse de silence.

Y’a l’instinct qui me guide, y’a la trique qui me tire, y’a le cœur qui aimante.

Je voudrais retenir l’oxygène, qui rentre, qui sort, et mon corps le poser sur la canopée.

Sur le chemin, suis pieds nus et la terre griffe mes entr’orteils,

j’avance comme perdu,

Y’a juste la nuit que je connais et les ombres qui m’accompagnent.

j’ignore le flambeau plus discret qu’à pleine la lune.

Ils m’attendent, sous leur capuche leurs désirs, dans leurs gants, des érections.

Je voudrais déjà être à poil,

déjà mes membres hors de contrôle,

subir la foi de ceux qui œuvrent pour mon plaisir,

pour mon voyage,

cette folie,

nos transgression,

notre irrespect.

Il n’y a pas un mot,

il n’y a que regard,

il n’y a que caresse.

Il y a la peau qui frissonne, les genoux qui se cognent,

des mains me serrent les biceps,

d’autres couvrent ma bouche, appuient sur mes lèvres,

l’amour me coule dans le larynx

je laisse mes yeux crever les étoiles et la moiteur d’été fait office de gilet de sauvetage.

Le coton de mon tee-shirt fond sur la lame du cutter,

le métal s’arrête au presque col et d’un coup sec, s’arrache et tombe au sol,

mon corps presque nu couvert de cette sueur,

ce fruit de nous.

Ça me prend les poignets, une corde fine me les enserre,

mon pantalon disparaît, mon jock-strap en butin de la nuit.

Empoigne la branche, ils me disent.

Elle est loin du sol, la branche épaisse,

y’a que le bouts de mes pieds qui m’aident,

puis des mains en tour de taille qui coopèrent.

Je m’élève, accroché au lien menotté,

et c’est toute ma colonne qui abandonne et les muscles en entier qui s’évaporent.

Je suis à eux, mes bienfaiteurs, la nuit élabore sa course entre mes cuisses.

Le silence attend d’être rompu,

leurs mains suivent les lignes de la nuque jusqu’à l’impasse de mes reins,

elles cherchent le début de quelque chose,

elles cherchent un point d’appui,

elles collaborent pour s’entendre.

Je voudrais commencer à gémir,

la tension de l’attente,

l’excitation de la première sensation,

la peur de la première sensation.

Le tissu contre ma queue se tend un peu,

par respect pour le temps qui vient,

par avidité du futur promis.

Ça claque !

ça claque !

Un instant de rien

et

des phalanges bienveillantes cautérisent les premières explosions.

Je ne veux pas qu’ils recommencent

je ne veux pas qu’ils arrêtent.

La vie tambourine sur ma peau,

l’épiderme en alerte.

Les neurones dans le cosmos,

et le dos, les cuisses, les fesses dans les interstices du plaisir de la douleur.

Y’a mon cerveau qui vogue,

il se détache,

et plante son âme dans les racines de celui qui porte mon corps.

Allié dans mon plaisir, j’ai pour lui de la tendresse.

Mon arbre,

avec toi aussi, je baise finalement.

Cousin d’ADN et partenaire bienveillant,

nos vie s’entremêlent.

Je sens ton écorce, je sens tes nervures.

Tu absorbe mes vibrations, les envoie au centre de la terre,

la boue en conductrice généreuse,

nos émotions en corollaire au cœur de l’univers.

De ta sève je tire des conclusion,

de ta vieillesse j’en rêve des oraisons.

Ils brûlent toutes nos frères, nos cousines !

Au nord au sud, les usines castrent et émasculent le terter du vert.

Le capital, vorace, satiété jamais déclenchée, récure consciencieux jusqu’aux épines des fleurs.

Moi, pendu à tes bras,

Je jouis quand même de cette noirceur.

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